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Titre : Recoller les morceaux
Auteur :
malurette
Base : The Eagle of the Ninth L’aigle de la neuvième légion)
Personnages/Couple : Marcus Flavius Aquila & Esca Mac Cunoval
Genre : drama/angst
Gradation : PG~ / K++
Légalité : propriété de Rosemary Sutcliff, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Thème # 08:08, « cœur brisé » pour
10_choix (table \)
Continuité/Spoil éventuel : fin du livre
Nombre de mots : 700+
***
Esca avait été brisé déjà une fois. Lorsque son peuple perdit cette bataille décisive contre l’envahisseur romains, lui perdit tout. Les siens, sa famille et ses amis y moururent alors que lui s’en sortait blessé et prisonnier. Quel intérêt à survivre à la bataille si c’était en vaincu et humilié ?
L’ennemi, au lieu de l’achever, le réduisit en esclavage et l’envoya combattre parmi ses gladiateurs, comme s’il n’était qu’un animal à exhiber, dans une terrible moquerie des guerriers de son peuple.
Marcus Flavius Aquila l’en retira et lui offrit une nouvelle vie, sans pouvoir effacer le stigmate de l’esclavage. Esca était un objet désormais, la propriété de son maître. Il n’avait pas le droit de se faire tuer ni même esquinter. Comme durement appris lors de la partie de chasse qui lui avait donné une trop brève illusion de liberté, il allait devoir réfléchir à chaque acte, chaque geste, pour ne plus se mettre en danger. Il lui fallait devenir un lâche ! Quoi de plus vexant ?
Marcus ne faisait pourtant pas cela pour l’humilier. Ayant quitté l’armée et nombre de formes de travail physique, devant apprendre les nouvelles limites de son corps, nul ne comprenait mieux que lui la rage d’Esca. Et contrairement à Esca qui pouvait accuser les Romains de sa défaite, lui n’avait personne à blâmer pour sa chute, même pas les insurgés de son dernier combat.
Grâce à Esca justement et à Loupiot, il tenait le coup.
L’aigle de son père dont Hieronimianus vint faire briller le souvenir lui donna un nouvel objectif sur lequel concentrer ses forces. Retrouver l’honneur de la Légion Hispana perdue ! Il y crut presque jusqu’au bout. Presque…
Sa quête à travers les brumes du nord avec Esca, avoir risqué leurs vies et peut-être augmenté encore le ressentiment des natifs contre Rome, tout ça pour quoi ? La légion était morte et enterrée, n’ayant bientôt plus personne pour reconnaître que même si le gros des troupes s’était révélé
des lâches, son père au moins et une poignée avec lui se montrèrent courageux jusqu’au bout. Victimes du plus grand nombre, tombés dans l’oubli, les rares braves légionnaires de la Neuvième resteraient prisonniers à jamais des brumes du nord. Dans ces conditions, quel repos trouverait l’âme de son père, et, le sachant, le cœur du fils ?
Enterrés avec l’aigle tombée, Marcus tenta d’enfouir ses derniers regrets et d’accepter que les dieux lui pardonneraient aussi l’échec des autres. Qu’il ait fait la lumière sur sa mort finalement honorable et scellé la sort de la Légion entière ne réglait pas le fait que son père n’aura jamais eu de rites funéraires et rien ne pourrait jamais l’assurer que son ombre trouverait effectivement la paix avec cet enfouissement symbolique. Qu’elle soit déclarée morte et vouée à l’oubli ne mettait pas en repos les derniers êtres à avoir combattu pour elle.
Les blessures au cœur sont souvent plus douloureuses que les coups physiques. L’oreille coupée
d’Esca affectait un peu son audition et son apparence, mais il pouvait toujours la cacher sous des cheveux longs et était encore assez jeune pour compenser ce qu’il entendait moins bien.
La cuisse de Marcus guérit ; même s’il ne pourrait jamais retrouver sa force d’antan il serait au moins capable de marcher, de courir un peu, de porter son propre poids et même des charges tant qu’elles ne seraient pas excessives. Il n’aurait pas besoin de se traîner sur des cannes avant que le grand âge ne le rattrape.
L’aigle avait perdu ses ailes et rien ne les lui rendrait jamais. Mais eux, même si des blessures secrètes les feraient toujours souffrir, pouvaient continuer à vivre et à faire de leur mieux pour ne plus jamais revoir un tel échec.
Oui, ce qui leur était arrivé à tous deux était terrible et ils ne pourraient jamais oublier, surtout tant qu’ils en verraient un écho reflété dans les yeux de l’autre. Mais c’était néanmoins du passé et ils pouvaient essayer, peut-être pas de pardonner totalement leur malheur quand aucune personne physique ne pouvait en porter le blâme, donc le pardon, mais de s’accommoder du sort et du destin qui étaient leurs, de tirer le meilleur parti de leur rencontre et de leur chemin commun.
Ensemble, ils pourraient recoller les morceaux de leurs passés respectifs pour paver la route de leur futur.
Auteur :
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Base : The Eagle of the Ninth L’aigle de la neuvième légion)
Personnages/Couple : Marcus Flavius Aquila & Esca Mac Cunoval
Genre : drama/angst
Gradation : PG~ / K++
Légalité : propriété de Rosemary Sutcliff, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Thème # 08:08, « cœur brisé » pour
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Continuité/Spoil éventuel : fin du livre
Nombre de mots : 700+
Esca avait été brisé déjà une fois. Lorsque son peuple perdit cette bataille décisive contre l’envahisseur romains, lui perdit tout. Les siens, sa famille et ses amis y moururent alors que lui s’en sortait blessé et prisonnier. Quel intérêt à survivre à la bataille si c’était en vaincu et humilié ?
L’ennemi, au lieu de l’achever, le réduisit en esclavage et l’envoya combattre parmi ses gladiateurs, comme s’il n’était qu’un animal à exhiber, dans une terrible moquerie des guerriers de son peuple.
Marcus Flavius Aquila l’en retira et lui offrit une nouvelle vie, sans pouvoir effacer le stigmate de l’esclavage. Esca était un objet désormais, la propriété de son maître. Il n’avait pas le droit de se faire tuer ni même esquinter. Comme durement appris lors de la partie de chasse qui lui avait donné une trop brève illusion de liberté, il allait devoir réfléchir à chaque acte, chaque geste, pour ne plus se mettre en danger. Il lui fallait devenir un lâche ! Quoi de plus vexant ?
Marcus ne faisait pourtant pas cela pour l’humilier. Ayant quitté l’armée et nombre de formes de travail physique, devant apprendre les nouvelles limites de son corps, nul ne comprenait mieux que lui la rage d’Esca. Et contrairement à Esca qui pouvait accuser les Romains de sa défaite, lui n’avait personne à blâmer pour sa chute, même pas les insurgés de son dernier combat.
Grâce à Esca justement et à Loupiot, il tenait le coup.
L’aigle de son père dont Hieronimianus vint faire briller le souvenir lui donna un nouvel objectif sur lequel concentrer ses forces. Retrouver l’honneur de la Légion Hispana perdue ! Il y crut presque jusqu’au bout. Presque…
Sa quête à travers les brumes du nord avec Esca, avoir risqué leurs vies et peut-être augmenté encore le ressentiment des natifs contre Rome, tout ça pour quoi ? La légion était morte et enterrée, n’ayant bientôt plus personne pour reconnaître que même si le gros des troupes s’était révélé
des lâches, son père au moins et une poignée avec lui se montrèrent courageux jusqu’au bout. Victimes du plus grand nombre, tombés dans l’oubli, les rares braves légionnaires de la Neuvième resteraient prisonniers à jamais des brumes du nord. Dans ces conditions, quel repos trouverait l’âme de son père, et, le sachant, le cœur du fils ?
Enterrés avec l’aigle tombée, Marcus tenta d’enfouir ses derniers regrets et d’accepter que les dieux lui pardonneraient aussi l’échec des autres. Qu’il ait fait la lumière sur sa mort finalement honorable et scellé la sort de la Légion entière ne réglait pas le fait que son père n’aura jamais eu de rites funéraires et rien ne pourrait jamais l’assurer que son ombre trouverait effectivement la paix avec cet enfouissement symbolique. Qu’elle soit déclarée morte et vouée à l’oubli ne mettait pas en repos les derniers êtres à avoir combattu pour elle.
Les blessures au cœur sont souvent plus douloureuses que les coups physiques. L’oreille coupée
d’Esca affectait un peu son audition et son apparence, mais il pouvait toujours la cacher sous des cheveux longs et était encore assez jeune pour compenser ce qu’il entendait moins bien.
La cuisse de Marcus guérit ; même s’il ne pourrait jamais retrouver sa force d’antan il serait au moins capable de marcher, de courir un peu, de porter son propre poids et même des charges tant qu’elles ne seraient pas excessives. Il n’aurait pas besoin de se traîner sur des cannes avant que le grand âge ne le rattrape.
L’aigle avait perdu ses ailes et rien ne les lui rendrait jamais. Mais eux, même si des blessures secrètes les feraient toujours souffrir, pouvaient continuer à vivre et à faire de leur mieux pour ne plus jamais revoir un tel échec.
Oui, ce qui leur était arrivé à tous deux était terrible et ils ne pourraient jamais oublier, surtout tant qu’ils en verraient un écho reflété dans les yeux de l’autre. Mais c’était néanmoins du passé et ils pouvaient essayer, peut-être pas de pardonner totalement leur malheur quand aucune personne physique ne pouvait en porter le blâme, donc le pardon, mais de s’accommoder du sort et du destin qui étaient leurs, de tirer le meilleur parti de leur rencontre et de leur chemin commun.
Ensemble, ils pourraient recoller les morceaux de leurs passés respectifs pour paver la route de leur futur.