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Titre : Elle n’était pas faite pour ces jeux-là
Auteur :
malurette
Base : The Eagle of the Ninth (L’aigle de la neuvième légion)
Personnages/Couples : Cottia/Marcus Flavius Aquila(/Esca Mac Cunoval)
Genre : gen-ish/léger angst
Gradation : PG / K+
Légalité : propriété de Rosemary Sutcliff, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Thème 06#06, « poupées » pour
10_choix (table \)
Continuité/Spoil éventuel : courant à fin du livre
Nombre de mots : 1000+
***
Cottia, même dans ses jeunes années, n’avait pas joué longtemps à la poupée. Elle arrêta très tôt de les bercer comme des bébés, pour le recycler dans des jeux de guerre : elle avait la défaite de son peuple face aux Romains et le bouleversement personnel de sa vie confiée aux mains de sa tante à exorciser. Elle refusa d’ailleurs ensuite de devenir elle-même une poupée à peindre et habiller entre les mains de cette même tante dont les bonnes intentions d’assimilation pacifique se heurtaient à ses propres idées de résistance plus ou moins passive. Pas question qu’elle se laisse déguiser en ce qu’elle n’était pas ! Au grand dam de Valaria, « mademoiselle Camilla » fut vite connue dans le voisinage comme une sauvageonne mal éduquée.
Sauf de son nouveau voisin, Marcus, qui la traitait comme un petit animal. D’autres que Cottia s’en vexeraient, mais elle aimait les animaux. C’était d’ailleurs fascinée par son loup apprivoisé qu’elle vint le trouver première fois, et elle ressentit dès le début qu’en la recevant ainsi, il espérait l’apprivoiser elle aussi. Elle ne s’en formalisa donc pas : elle savait qu’il n’y avait aucune condescendance, aucun paternalisme de sa part, et c’était tellement mieux qu’être traitée comme une enfant ! Marcus ne traitait pas le monde comme on le faisait dans les cercles où évoluait sa tante et son oncle. Bien que Romain, c’était lui qui montrait des façons de barbare venu du sud et ça lui plaisait.
Elle remarqua vite sa relation presque d’égal à égal avec son esclave. Elle aussi s’entendait bien avec cet Esca. Il lui racontait, peut-être plus qu’à son maître, comment on élevait les bêtes chez lui : avec respect. Les animaux étaient considérés comme des serviteurs, des compagnons, mais en aucun cas des jouets.
Le jour où Marcus et Esca disparurent sur la route, Cottia resta seule avec Loupiot sans trop savoir quoi penser du bracelet que Marcus lui avait confié avant son départ. Drôle de gage qu’il lui laissait là… Les heures qu’elle avait avec elle-même, la nature et un confident muet étaient bien longues et ne lui laissaient que trop de temps pour s’interroger. Comment la considérait-il, finalement, Marcus qui était parti courir l’aventure sans elle ? Pourvu qu’elle ne soit pas pour lui juste une potiche décorative seulement bonne à attendre en se languissant !
Au fil de cet été, dans l’absence de Marcus et d’Esca, Cottia se vit grandir, se transformer. Elle en eut d’abord un peu peur au début : et si elle devenait l’adulte qu’attendait sa tante ? Car elle accepta de s’orner, de se peindre, se trouva même jolie ainsi, elle qui, quelques mois plus tôt à peine, rejetait encore cette idée en bloc. Puis elle décida que finalement, elle avait bien le droit de faire ça pour elle seule et pas pour plaire aux autres. Et tant pis si ça leur plaisait aussi au passage : elle n’était pas sauvage au point de renoncer à quelque chose qu’elle aimait juste pour faire du mal à autrui. Mais elle n’allait pas non plus dire tant mieux si ça plaisait à d’autres, pas tant qu’elle n’aurait pas l’avis de Marcus, ou, s’il ne devait jamais revenir – les dieux les en préserve – d’Esca sur ce que Marcus en aurait pensé.
N’empêche que les vêtements élégants, les beaux bijoux et le maquillage d’adulte n’y changeaient pas grand’ chose : Cottia détestait quand même chaque heure passée dans la ville d’Aquæ Sulis, loin de Calleva, de Loupiot et du retour espéré de Marcus et d’Esca.
De fait, Marcus et Esca revinrent avant elle. Prévenue de leur arrivée dernière en reprenant possession de sa chambre, de son jardin, avant son coin de haie à traverser pour courir rejoindre le pauvre Loupiot abandonné, elle n’accepta de modérer ses ardeurs et de ne différer sa première visite de courtoisie que le strict nécessaire. Si ce que racontaient les esclaves était vrai, ils étaient là depuis juste assez longtemps depuis son propre départ pour que Loupiot fête leur retour ; si le loup des voisins s’était enfui ou était mort dans l’intervalle, nulle doute que la rumeur le lui aurait rapidement appris.
Le délai imposé lui laissa le temps de s’interroger à nouveau, et cette fois de craindre un peu qu’en son absence les choses aient trop changé. Quel regard Marcus porterait-il sur elle désormais qu’elle n’était plus une enfant ? Quelle adulte verrait-il en elle ? Ne serait-elle plus qu’un bibelot pour orner sa maison, une servante pour nourrir son chien ? Non, d’ailleurs, puisqu’Esca était là, et quand bien même, s’il avait dû rester dans les brumes du nord, alors sans doute Marcus s’en chargerait lui-même désormais.
La crainte la saisit quand elle vit d’abord leur camaraderie renouvelée, ensuite que Marcus ne la reconnaissait pas. Il n’avait plus besoin d’elle ! Ils revenaient en héros et elle, n’était plus qu’un reliquat d’enfance à jeter au rebut, un jouet inutile…
Marcus pourtant, revenu de sa surprise, lui fit rapidement une place dans sa nouvelle vie. À ses côtés et avec Esca jamais bien loin, Cottia trouva le bonheur. Se faire déguiser en mariée fut même amusant. Seule ombre au tableau en revanche, maintenant qu’on l’affublait de l’apparence d’une matrone respectable, c’est qu’elle attendait quand même avec appréhension le jour où elle aurait un poupon à bercer pour de vrai. Elle était d’accord pour donner un fils à Marcus, ou une fille aussi si les dieux le décidaient ainsi, mais elle les imaginait déjà enfants en train de sauter et courir, de jouer aux-mêmes avec des soldats de bois ou des poupées de chiffon, sans arriver à se représenter l’étape intermédiaire où elle devrait les porter, les mettre au monde, les langer, les allaiter… L’idée forcée, en fait, l’effrayait presque.
N’osant s’ouvrir à son mari de cette crainte qu’elle trouvait elle-même enfantine de peur de paraître ridicule, il fallut que ça soit Esca qui la rassure, lui affirmant qu’elle aurait encore le temps de voir venir, que ça ne se ferait pas en un jour, et qu’il serait là lui aussi pour l’aider au besoin. Qu’elle se rappelle comment il avait élevé Loupiot et ainsi gagné son admiration autrefois, cimentant leur future amitié, suffit à la rassurer suffisamment… en attendant de voir quand ça arriverait.
Auteur :
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Base : The Eagle of the Ninth (L’aigle de la neuvième légion)
Personnages/Couples : Cottia/Marcus Flavius Aquila(/Esca Mac Cunoval)
Genre : gen-ish/léger angst
Gradation : PG / K+
Légalité : propriété de Rosemary Sutcliff, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Thème 06#06, « poupées » pour
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Continuité/Spoil éventuel : courant à fin du livre
Nombre de mots : 1000+
Cottia, même dans ses jeunes années, n’avait pas joué longtemps à la poupée. Elle arrêta très tôt de les bercer comme des bébés, pour le recycler dans des jeux de guerre : elle avait la défaite de son peuple face aux Romains et le bouleversement personnel de sa vie confiée aux mains de sa tante à exorciser. Elle refusa d’ailleurs ensuite de devenir elle-même une poupée à peindre et habiller entre les mains de cette même tante dont les bonnes intentions d’assimilation pacifique se heurtaient à ses propres idées de résistance plus ou moins passive. Pas question qu’elle se laisse déguiser en ce qu’elle n’était pas ! Au grand dam de Valaria, « mademoiselle Camilla » fut vite connue dans le voisinage comme une sauvageonne mal éduquée.
Sauf de son nouveau voisin, Marcus, qui la traitait comme un petit animal. D’autres que Cottia s’en vexeraient, mais elle aimait les animaux. C’était d’ailleurs fascinée par son loup apprivoisé qu’elle vint le trouver première fois, et elle ressentit dès le début qu’en la recevant ainsi, il espérait l’apprivoiser elle aussi. Elle ne s’en formalisa donc pas : elle savait qu’il n’y avait aucune condescendance, aucun paternalisme de sa part, et c’était tellement mieux qu’être traitée comme une enfant ! Marcus ne traitait pas le monde comme on le faisait dans les cercles où évoluait sa tante et son oncle. Bien que Romain, c’était lui qui montrait des façons de barbare venu du sud et ça lui plaisait.
Elle remarqua vite sa relation presque d’égal à égal avec son esclave. Elle aussi s’entendait bien avec cet Esca. Il lui racontait, peut-être plus qu’à son maître, comment on élevait les bêtes chez lui : avec respect. Les animaux étaient considérés comme des serviteurs, des compagnons, mais en aucun cas des jouets.
Le jour où Marcus et Esca disparurent sur la route, Cottia resta seule avec Loupiot sans trop savoir quoi penser du bracelet que Marcus lui avait confié avant son départ. Drôle de gage qu’il lui laissait là… Les heures qu’elle avait avec elle-même, la nature et un confident muet étaient bien longues et ne lui laissaient que trop de temps pour s’interroger. Comment la considérait-il, finalement, Marcus qui était parti courir l’aventure sans elle ? Pourvu qu’elle ne soit pas pour lui juste une potiche décorative seulement bonne à attendre en se languissant !
Au fil de cet été, dans l’absence de Marcus et d’Esca, Cottia se vit grandir, se transformer. Elle en eut d’abord un peu peur au début : et si elle devenait l’adulte qu’attendait sa tante ? Car elle accepta de s’orner, de se peindre, se trouva même jolie ainsi, elle qui, quelques mois plus tôt à peine, rejetait encore cette idée en bloc. Puis elle décida que finalement, elle avait bien le droit de faire ça pour elle seule et pas pour plaire aux autres. Et tant pis si ça leur plaisait aussi au passage : elle n’était pas sauvage au point de renoncer à quelque chose qu’elle aimait juste pour faire du mal à autrui. Mais elle n’allait pas non plus dire tant mieux si ça plaisait à d’autres, pas tant qu’elle n’aurait pas l’avis de Marcus, ou, s’il ne devait jamais revenir – les dieux les en préserve – d’Esca sur ce que Marcus en aurait pensé.
N’empêche que les vêtements élégants, les beaux bijoux et le maquillage d’adulte n’y changeaient pas grand’ chose : Cottia détestait quand même chaque heure passée dans la ville d’Aquæ Sulis, loin de Calleva, de Loupiot et du retour espéré de Marcus et d’Esca.
De fait, Marcus et Esca revinrent avant elle. Prévenue de leur arrivée dernière en reprenant possession de sa chambre, de son jardin, avant son coin de haie à traverser pour courir rejoindre le pauvre Loupiot abandonné, elle n’accepta de modérer ses ardeurs et de ne différer sa première visite de courtoisie que le strict nécessaire. Si ce que racontaient les esclaves était vrai, ils étaient là depuis juste assez longtemps depuis son propre départ pour que Loupiot fête leur retour ; si le loup des voisins s’était enfui ou était mort dans l’intervalle, nulle doute que la rumeur le lui aurait rapidement appris.
Le délai imposé lui laissa le temps de s’interroger à nouveau, et cette fois de craindre un peu qu’en son absence les choses aient trop changé. Quel regard Marcus porterait-il sur elle désormais qu’elle n’était plus une enfant ? Quelle adulte verrait-il en elle ? Ne serait-elle plus qu’un bibelot pour orner sa maison, une servante pour nourrir son chien ? Non, d’ailleurs, puisqu’Esca était là, et quand bien même, s’il avait dû rester dans les brumes du nord, alors sans doute Marcus s’en chargerait lui-même désormais.
La crainte la saisit quand elle vit d’abord leur camaraderie renouvelée, ensuite que Marcus ne la reconnaissait pas. Il n’avait plus besoin d’elle ! Ils revenaient en héros et elle, n’était plus qu’un reliquat d’enfance à jeter au rebut, un jouet inutile…
Marcus pourtant, revenu de sa surprise, lui fit rapidement une place dans sa nouvelle vie. À ses côtés et avec Esca jamais bien loin, Cottia trouva le bonheur. Se faire déguiser en mariée fut même amusant. Seule ombre au tableau en revanche, maintenant qu’on l’affublait de l’apparence d’une matrone respectable, c’est qu’elle attendait quand même avec appréhension le jour où elle aurait un poupon à bercer pour de vrai. Elle était d’accord pour donner un fils à Marcus, ou une fille aussi si les dieux le décidaient ainsi, mais elle les imaginait déjà enfants en train de sauter et courir, de jouer aux-mêmes avec des soldats de bois ou des poupées de chiffon, sans arriver à se représenter l’étape intermédiaire où elle devrait les porter, les mettre au monde, les langer, les allaiter… L’idée forcée, en fait, l’effrayait presque.
N’osant s’ouvrir à son mari de cette crainte qu’elle trouvait elle-même enfantine de peur de paraître ridicule, il fallut que ça soit Esca qui la rassure, lui affirmant qu’elle aurait encore le temps de voir venir, que ça ne se ferait pas en un jour, et qu’il serait là lui aussi pour l’aider au besoin. Qu’elle se rappelle comment il avait élevé Loupiot et ainsi gagné son admiration autrefois, cimentant leur future amitié, suffit à la rassurer suffisamment… en attendant de voir quand ça arriverait.