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Titre : Comme coupé en deux
Auteur : [personal profile] malurette
Base : Le Prince Eric, La mort d'Eric
Personnages : Christian d'Ancourt, Eric V de Swedenborg
Genre : gen/politique
Gradation : PG-13 / T
Légalité : propriété de Serge Dalens, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.

Thème : 5.5, "Perdre le nord" d’après [livejournal.com profile] 5_sens
Continuité/Spoil éventuel : tomes 4 et 6
Nombre de mots :

***

Été 1936, la Patrouille des Loups accueillait un nouveau qui allait changer sa vie. Christian allait sur ses 14 ans, Eric les avait tout juste.

Été 1939, Eric est couronné depuis deux ans déjà et défend sa petite principauté contre l'avidité d'un parti inquiétant. L'ancien CP, Philippe, a passé l'âge et rejoint Saint-Cyr. L'ancien second, Alain, est parti au Canada. C'est Christian maintenant le chef et Patrick son second. Michel, Dany et François sont toujours là. Rémy ne les quittera plus. Eric n'a plus loisir de revenir occuper la place qu'ils lui réservent toujours parmi eux. Et les tensions montent dans toute l'Europe, menaçant jusqu'au répit de leur camp d'été.

"S'il y a la guerre, moi je m'engage," s'est promis Christian, deux mois avant ses dix-sept ans. Sa décision était prise ; la guerre venue, il l'a tenue.

Eric l'a précédé. Déclaré majeur par les passe-droit des princes régnants et la bonne volonté de son petit peuple avant même ses quinze ans, ça n'avait pas l'air très régulier mais il avait le droit de s'engager tout de suite, lui.
Un très ancien traité stipulait qu'en cas de besoin le prince de Swedenborg servirait la France ; personne n'en aurait voulu à Eric de le rompre : tellement d'alliances ont été dissoutes ces derniers temps. Toujours ces fameux lointains ancêtres qui régissaient sa vie et dont il aurait très bien le droit de se défaire ! mais sa propre conscience l'en empêchait, ainsi que ses valeurs actuelles et ses liens du cœur personnels.

Ça ne remettait pas encore en cause la neutralité de sa principauté dont il devait protéger les habitants, mais ça fait déjà deux ans qu'il lutte contre les tentatives d'ingérence de ce parti...
Il a même envoyé Christian une fois à Berlin pour interroger exprès Franz von Waldenheim et son père le colonel sur les intentions de leur pays et les perspectives d'avenir. S'il le faut, il prendra position officiellement et se dressera contre la barbarie. Mais pour l'instant lui seul est appelé ; c'est son choix personnel. L'entrée ou non en guerre de son pays viendra d'un débat différent, dont Christian ne connaîtra jamais les détails.
Qu'ils sont longs, ce mois de préparation où il n'a semble-t-il le droit de rien faire !

Au printemps 40 Christian est reçu dans le même régiment qu'Eric. Leurs retrouvailles les consolent d'avenir qui semble un petit peu moins sombre maintenant qu'ils sont à nouveau ensemble. Ils se sentent invincibles et presque certains de servir une cause juste. Presque. Plus rien n'est absolument certain désormais, hélas.

C'était facile, à quatorze ans, avec les certitudes pures et entières de la jeunesse, de se défaire d'un conflit d'un autre âge. À dix-sept ans et en ayant fait l'expérience des côtés sombres du monde adulte, c'est plus difficile de faire la part des choses dans un conflit qui les touche directement et dont ils connaissent mieux les différents participants.

"Tu admettrais, toi, de voir la France coupée en deux, les Français éparpillé hors des frontières, en Allemagne, en Italie, en Belgique ?" a demandé Eric. Christian a réfléchi longuement la nuit qui a suivi cette discussion.

Deux jours plus tard, la donne avait déjà changé. Le 9 avril 1940, l'Allemagne envahit la Norvège. Eric, Christian l'apprendra plus tard, y était et n'y peut rien.
De son côté, Christian essuie son baptême du feu... et son honneur en étant capturé par l'ennemi. L'ennemi qui a les traits de Franz, Franz von Waldenheim, Franz qui est tué le lendemain et meurt sous ses yeux.
Ça serait tellement plus facile la guerre si c'était juste les salauds d'en face et pas des jeunes de son âge, quelqu'un dont il connaît la droiture, qu'il a rencontré - lui aussi - grâce à Eric, croisé par hasard en allant à son couronnement, revu plus tard à son insistance.

Ils n'ont pas eu le temps de discuter franchement alors qu'il était son prisonnier, mais Christian sait que Franz, avec sa noblesse de cœur, était tiraillé entre son amour de son pays, le devoir à accomplir, et ses idéaux bafoués par le parti qui tenait le pouvoir actuellement.

Comment va-t-il continuer à se battre avec ce fantôme ?
Comment va-t-il annoncer ça à Patrick ?

Car il reçoit encore de manière sporadique du courrier de Patrick, et aussi Rémy, et même Philippe. D'Alain plus rien depuis l'année précédente. Pourvu que tout aille bien pour lui, là-bas...

Un mois s'écoule, de manœuvre incohérentes. Ils avancent, reculent, traversent les frontières. Lors d'une escarmouche au Luxembourg, Christian est blessé au bras. Rien de grave, des égratignures, ça ne saigne pas beaucoup, et le retour d'Eric rend tout le reste secondaire. Il ne va pas se laisser évacuer alors qu'il vient à peine de le retrouver !

Mais Eric repart à nouveau à peine dix jours après, sans cesse appelé par le haut commandement pour remplir des missions secrètes loin du reste du régiment qui semble si commun à côté de son altesse, si glorieux qu'ils aient été avant même qu'il les rejoigne !

À demi-mots il a compris que le haut commandement lui confiait des missions secrètes alors qu'il faisait ses premières armes. Christian a toujours su que son ami était spécial, mais il regrette qu'ils ne la fassent pas ensemble pour de vrai, cette guerre. Leur différence de statut et d'âge - dérisoires, ces quelques mois ! - ne lui a jamais autant pesé qu'aujourd'hui.

À partir de là, tout part en morceaux petit à petit. Le 28 mai
la Belgique capitule. Il arrive des choses affreuses à Dunkerque. Il apprend que Daniel a été tué, même pas au combat mais dans un accident d'auto, quelle tristesse. Dany, son équipier, à peine plus jeune que lui...
Après ça il n'a plus de nouvelles de son ancienne patrouille, le courrier ne passe plus. Et les copains aux côtés de qui il se bat sont amochés, tués, les uns après les autres.

Le 22 juin enfin, la France capitule. Le 23 on ordonne la fin des combats. Le 25 juin voit la chute de leur régiment, remis aux mains de l'occupant. Vaincus. Ils sont vaincus.

La France est coupée en deux, la Norvège occupée elle aussi, l'Europe déchirée. Et Eric, comme tant d'autres, est introuvable dans ce chaos. Christian d'Ancourt, avec le reste de son régiment, a été constitué prisonnier de guerre. Blessé au bras, déporté, enfermé, tout semble fini pour lui. Mais il a le feu de la jeunesse, il refuse de se reconnaître vaincu, et sans nouvelle d'Eric Jansen, il se jure que d'une manière ou d'une autre, il le retrouvera. Oh, il ne rêve pas qu'à eux deux ils gagneront la guerre, non. Mais il a besoin de savoir. Et d'agir.

Il a vu Franz mourir, il sait que Dany est mort aussi, et combien d'autres encore, d'un côté comme de l'autre ? Il n'a pas eu de nouvelle de Patrick depuis qu'il lui a envoyé la triste nouvelle. Il voudrait savoir où est Eric aujourd'hui.

Il est comme coupé en deux lui aussi, il a perdu l'important : la confiance en son pays, et la moitié de son cœur resté avec Eric et disparu dans la tourmente de la guerre. Peu importe que son corps soit meurtri, à côté de ça !
Il a besoin de retrouver Eric pour retrouver un sens dans cette guerre absurde, une espoir pour l'avenir...

Maigre consolation, avec la fin des combats : il sait que ses équipiers plus jeunes ne devraient pas avoir à suivre le même chemin, à se faire blesser, tuer, déchirer de perdre leurs camarades. Mais qu'est-ce qui les attend à la place désormais ?

Non.
Non. Cela ne peut se terminer ainsi.
Même si son monde est parti en morceaux, il doit être possible de le rebâtir. D'une manière ou d'une autre, il ne restera pas dans ce stalag. Tous les pays ne sont pas encore occupés. D'autres se battent encore. Et Eric est forcément au milieu de tout cela. Christian se jure qu'il le rejoindra, que la guerre n'est pas finie, donc pas définitivement perdue, et qu'ils peuvent encore y faire quelque chose. Il s'accrochera.
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