malurette: (parapluie)
[personal profile] malurette posting in [community profile] glyfic
Titre : Un tout petit tableau
Auteur : [personal profile] malurette
Base : Portrait de la Jeune Fille en Feu
Personnages : Héloïse, Marianne ; mention de Sophie
Genre : gen-ish
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété de Céline Sciamma, je ne cherche pas à me faire de sous avec.

Prompt : "Vignette" pour [community profile] ladiesbingo
Nombre de mots : 800

***

Pour Héloïse, encore toute fraîche sortie du couvent où elle a passé toute son adolescence, tout en dehors a encore l'attrait de la nouveauté. Elle est exaltée de ce qu'elle découvre du monde, à l'échelle de son île. C'est petit, c'est peu en regard de tout ce qui existe encore au-delà, mais pour elle qui ne connaissait presque rien jusqu'ici, c'est déjà beaucoup.
Pour la première fois depuis des années, elle rencontre des vraies gens qui ne sont pas juste sa famille - ni les anciennes domestiques, parties depuis ou oubliées ? - elle se frotte à la vraie vie - même si elle est toujours enfermée dans ce manoir avec seulement une servante et une dame de compagnie.
Au moins, elle peut sortir sur la lande, sur la plage.
Marianne lui prête un livre, elles en discutent, ouvre la porte à ses réflexions. Elle et Sophie lui parlent de vies très, très différents de ce qu'elle a connu et imaginé jusqu'ici. De vies vraies.

Et puis elle découvre la peinture. Les regards de Marianne, l'odeur du diluant, la magie des pigments, les principes de composition d'un tableau.

Marianne est libre de prendre ses propres décisions, de suivre ses envies en connaissance de cause.
Sophie fait face aux conséquences de ses actions avec détermination, sans se lamenter, sans regretter.
Héloïse leur envie leur liberté, mais pas aveuglément non plus. Elle se rend bien compte que des attentes pèsent sur elles aussi, moins peut-être que sur elle-même, et là où elle les admire c'est qu'elles arrivent à les détourner, au moins en partie.
Tout ce dont on ne parlait pas au couvent, et qu'elle soupçonne qu'il faudra taire à nouveau si elle se marie... Elle n'a que très peu de temps, et elle veut vivre tout ce qu'elle peut de sa vie, avant de devoir renoncer.

Ça se cristallise avec cette scène la remue : elle veut absolument en faire quelque chose. Ça n'est peut-être pas très prévenant envers Sophie de la lui faire rejouer quand elle devrait juste de se reposer. Mais ces choses dont personne ne parle, que tout le monde tait, qui ont pourtant besoin d'être connues, si ce ne sont pas elles, qui d'autre leur donnera de la reconnaissance ? personne ?
Personne ne verra jamais ce tableau. Il sera tout petit, et peint à la va-vite. Avec plus d'émotion que de technique. Sur un sujet qu'on cache, aucun critique d'art ne se penchera dessus, et aucune personne concernée n'aura sans doute loisir de le contempler pour s'y reconnaître.
Ça n'est pas peut-être très juste non plus d'utiliser les talents de Marianne pour...
non, pas "si peu". C'est beaucoup. C'est vrai. Le problème n'est pas dans le sujet mais dans le monde des arts. Dans le monde.

Un seul tableau, même tout petit, qui parle de, qui montre la vie des femmes, ça ne peut pas être tout ce qui existe, mais c'est tout ce qui est à sa portée.
Y a-t-il, par exemple, des livres où c'est écrit ? elle qui rêve d'en lire et n'y a pas accès a besoin qu'on lui dise oui.
(Elle qui rêve de musique et n'a accès qu'à l'église, elle qui vient seulement d'apprendre ce qu'est la peinture, sa technique ses codes ses enjeux autrement que comme monnaie d'échange. Qu'a-t-elle le temps de voir encore du monde ?)

Sophie accepte de s'y prêter. Gésir sur ce lit-là ou un autre après tout, ça lui est égal.
Marianne aussi ; elle comprend ce qu'Héloïse ressent.
C'est vrai : si elles ne le font pas, si elle ne le fait pas, qui le fera ? et même si elle ne le montre à personne, au moins ce tableau existera.
Un tout petit tableau, à peine plus qu'une esquisse, qui finira remisé au fond de sa réserve... Elle l le montrera peut-être à une consœur un jour, une nuit plutôt, si l'occasion si prête. Il ne s'agira pas de la faire entrer dans ses souvenirs, de récréer fidèlement pour elle cette nuit-là exactement, un pan de leur vie personnelle à elles trois. C'est... une idée saisie.

Et des années plus tard en repensant à Héloïse Marianne se demandera, aurait-elle ensuite peint le portrait de la jeune fille en feu, la nuit sur la lande,
sans cela pour lui dire que oui, elle peut peindre ces vignettes ; elle doit peindre ces vignettes si elle le veut ? Peut-être quand même ; la vision d'Héloïse, l'intensité ses souvenirs l'auraient demandé.
Ça a dû aider, tout de même, et ça lui donne un exemple concret même si secret de sujet à traiter en technique rapide à enseigner à ses jeunes élèves. Elle est contente de l'avoir fait. Cette jeune génération, peut-être, qui sait, sera plus libre dans ses sujets de peinture et dans sa vie qu'elle ne l'a été elle-même ? ou la suivante encore ?
(Et elle... garde ses souvenirs non pas figés mais évoqués, vibrants encore, dans ce type d'instantanés.)
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